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ONU: veto russe à une résolution sur le Yémen épinglant l'Iran

La Russie a opposé son veto ce lundi 26 février 2018 à l'ONU à une résolution britannique, soutenue par les Etats-Unis et la France, renouvelant l'embargo sur les armes au Yémen en épinglant l'Iran, et fait adopter à l'unanimité une résolution technique épargnant Téhéran.

Cette double décision du Conseil de sécurité représente un revers sérieux pour les Etats-Unis et leurs alliés qui avaient fait pression pour que l'Iran soit condamné pour des tirs en 2017 de missiles de fabrication iranienne vers l'Arabie saoudite, à l'occasion du renouvellement de l'embargo sur les armes.

La Russie l'a emporté en deux temps lors de deux votes du Conseil de sécurité: veto d'abord au projet de résolution britannique, sérieusement adouci au cours des dernières heures et jours pour éviter l'opposition russe.

"Un consensus n'a pu être dégagé", a déploré l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, en soulignant qu'"aucune preuve" n'était venue étayer les affirmations américaines d'une implication directe de l'Iran derrière les tirs de missiles houthis en 2017 vers l'Arabie saoudite.

Lors du vote, la Bolivie s'est jointe à l'opposition russe. La Chine et le Kazakhstan se sont abstenus, les 11 autres pays ayant voté en faveur de la résolution.

Pour qu'un texte soit adopté à l'ONU, il faut au moins neuf voix en sa faveur sur les 15 du Conseil de sécurité, et qu'aucun des cinq membres permanents - Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni - n'y appose son droit de veto.

Dans la foulée, la Russie mettait aussitôt aux voix un texte de résolution diffusé ce week-end, ne prévoyant qu'un renouvellement technique pour un an de l'embargo sur les armes visant le Yémen. L'expiration de cet embargo arrivant à échéance lundi soir, les 15 membres du Conseil de sécurité l'ont adopté à l'unanimité.

Depuis plusieurs mois, les Etats-Unis, qui ont pour bête noire l'Iran, font pression pour condamner et sanctionner Téhéran après les tirs de missiles de fabrication iranienne sur l'Arabie saoudite en 2017.

Si un rapport d'experts de l'ONU estime que l'Iran a failli à ses obligations en n'empêchant pas l'arrivée au Yémen de ces missiles, il a affirmé aussi ne pas être en mesure d'identifier les responsables ou les canaux de transmission ayant permis aux Houthis de se doter de ces armes.

Pour la Russie, le rapport de l'ONU n'apporte pas la preuve d'une implication directe des autorités iraniennes. Et les morceaux de missiles exposés récemment par les Etats-Unis, même s'ils sont iraniens, ne sont pas une preuve d'un rôle direct de l'Iran dans l'acheminement d'armement au Yémen en violation de l'embargo de l'ONU de 2015, estime Moscou.

Pour les Etats-Unis, comme pour leurs alliés britannique, français ou allemand, Téhéran est bien derrière les livraisons. "Aucun doute" là-dessus, affirme un diplomate européen sous couvert d'anonymat, en refusant d'en dire plus sur d'éventuelles preuves détenues par des Occidentaux.